Avec son succès, l'IA chinoise DeepSeek sous surveillance

Les traders à court terme s'avèrent désireux de parier sur une reprise rapide de Nvidia , en versant de l'argent dans les trois plus grands fonds négociés en bourse à effet de levier qui sont liés aux gains du prix de l'action du géant de la fabrication de puces d'intelligence artificielle.

Les spéculateurs et les traders se sont rués sur les fonds à effet de levier (link) qui visent à doubler le rendement quotidien de Nvidia, ont déclaré les gestionnaires d'actifs mardi. Lundi, l'action de la société a subi la plus forte chute de capitalisation boursière en une journée (link) de l'histoire , en réaction à l'annonce du lancement d'un nouveau modèle d'intelligence artificielle par la société chinoise DeepSeek.

"Nous avons enregistré des entrées d'environ 1 milliard de dollars dans notre produit long", a déclaré Will Rhind, fondateur et directeur général de GraniteShares, faisant référence au plus grand de ces fonds, le GraniteShares 2x Long NVDA Daily ETF . Cela n'a pas suffi à compenser l'impact de la chute massive de Nvidia sur ses actifs, qui sont tombés à environ 4,3 milliards de dollars après avoir culminé à plus de 6 milliards de dollars l'année dernière.

Chacun des quatre ETF Nvidia à effet de levier a terminé lundi avec des pertes comprises entre 33 % et 34 %, selon les données du LSEG.

Le T-Rex 2x Long Nvidia Daily Target ETF a enregistré des entrées de 7,6 millions de dollars dans le fonds de 488,4 millions de dollars lundi, selon Scott Acheychek, directeur de l'exploitation de REX Financial, l'une des deux sociétés qui ont créé le fonds. Son ETF baissier, beaucoup plus petit, qui délivre un gain équivalent à toute perte du prix de l'action Nvidia, a enregistré des sorties de fonds de 3,1 millions de dollars, selon la société.

Le Direxion Daily NVDA Bull 2x Shares ETF , qui dispose d'environ 435 millions de dollars d'actifs, a enregistré 61,4 millions de dollars d'entrées, selon la société. Le fonds inverse correspondant a également enregistré des entrées d'environ 3 millions de dollars.

Le plus petit des quatre ETF Nvidia à effet de levier, le Leverage Shares 2x Long NVDA Daily ETF , d'une valeur de 3 millions de dollars, n'a pas été en mesure de fournir immédiatement des détails sur les flux dans son fonds lundi en termes de dollars. Mais Paul Marino, directeur des revenus de Themes ETFs, qui supervise les activités américaines de Leverage Shares, a déclaré que le volume des transactions était six fois supérieur à la moyenne.

"Cela montre à quel point les traders spéculatifs sont impliqués dans Nvidia", a déclaré M. Marino. À la fin de la journée de lundi, il a déclaré que les flux étaient devenus positifs et le sont restés tout au long de la journée de mardi.

Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde, a affiché des résultats record l'an dernier, gagnant près de 7.000 euros par seconde, dopé par ses placements dans les "Sept Magnifiques" dont la domination est toutefois contestée aujourd'hui.

En données brutes, c'est le plus gros rendement de son histoire: 2.511 milliards de couronnes (214 milliards d'euros), soit près de 80.000 couronnes par seconde, ce qui a contribué à porter sa valeur totale à 19.742 milliards de couronnes à la fin de l'année.

"Ca a été une très bonne année pour le fonds", s'est félicité son chef, Nicolai Tangen, lors d'une présentation. "Cela ne durera pas une éternité", a-t-il toutefois ajouté comme à son accoutumée.

En pourcentage, le rendement s'est élevé à 13%, loin des 21,3% engrangés en 2023.

Comme cette année-là, le fonds a été en grande partie porté par les valeurs technologiques.

Ce secteur lui a rapporté plus de 1.170 milliards de couronnes en 2024, soit près de la moitié de ses gains annuels.

Si le fonds est présent au capital de quelque 9.000 entreprises à travers le monde, ses parts dans les "Sept Magnifiques" -Apple, Amazon, Alphabet (maison mère de Google), Meta (Facebook, Instagram), Microsoft, Nvidia et Tesla- représentent à elles seules 17% de ses placements boursiers.

"Nous devons apprendre à vivre avec un risque de concentration plus élevé que dans le passé, et je ne pense pas qu'il y ait grand-chose qu'on puisse faire", a estimé M. Tangen.

Illustration de ce risque, les valeurs tech se sont effondrées à Wall Street lundi -avant de se reprendre quelque peu mardi-, après l'arrivée sur le devant de la scène de la start-up chinoise d'intelligence artificielle DeepSeek.

Celle-ci a sorti la semaine dernière un nouveau modèle d'IA générative similaire à ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google) et d'autres, pour une fraction des coûts induits par les géants américains.

"Est-ce un simple accident de parcours ou quelque chose de plus grave? Bien sûr, on ne sait pas", a commenté le chef du fonds norvégien au sujet du plongeon du début de semaine.

Evoquant les valorisations vertigineuses des géants de la tech américaine, son numéro deux, Trond Grande, a quant à lui estimé que ces actions étaient "chères" mais, a-t-il précisé, "je ne suis pas sûr que ce soit une bulle".

Le fonds n'a pas procédé à des "changements majeurs" dans ses placements depuis le trou d'air boursier de lundi, a précisé M. Tangen.

Tous secteurs confondus, les actions, qui représentaient 71,4% du portefeuille du fonds fin 2024, ont rapporté 18% sur l'année.

Les placements obligataires (26,6% du portefeuille) ont pour leur part affiché un modeste rendement de 1%.

En revanche, les investissements immobiliers (1,8% des actifs) et les placements dans les projets d'énergies renouvelables (un actif encore marginal) sont tombés dans le rouge, affichant des rendements de -1% et -10% respectivement.

Alimenté par les revenus pétroliers de l'Etat norvégien, le fonds est le plus gros investisseur individuel de la planète.

Outre le rendement de ses investissements, sa valeur fluctue en fonction des versements -ou ponctions- du gouvernement norvégien et les effets de change, deux facteurs qui ont aussi eu un effet positif l'an dernier.

Principales valeurs à suivre mercredi à Wall Street, où les contrats à terme sur les principaux indices suggèrent une ouverture en baisse de 0,13% pour le Dow Jones , mais une hausse de 0,04% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,33% pour le Nasdaq :

* NVIDIA prend environ 2% en avant-Bourse mercredi après un rebond de près de 9% mardi. Le spécialiste des semi-conducteurs avait plongé de près de 17% lundi à la suite de la tempête déclenchée par la montée en puissance du modèle d'intelligence artificielle de la start-up chinoise DeepSeek.

* ALIBABA a dévoilé mercredi une nouvelle version de son modèle d'intelligence artificielle (IA) Qwen 2.5 qui, selon le groupe technologique chinois, surpasse DeepSeek-V3.

* MICROSOFT et OpenAI cherchent à déterminer si les données issues de la technologie développée par le fabricant de ChatGPT ont été obtenues de manière non autorisée par un groupe lié à la startup chinoise d'intelligence artificielle DeepSeek, a rapporté mardi l'agence Bloomberg.

* APPLE - Les iPhone d'Apple aux Etats-Unis sont désormais compatibles avec les services d'accès internet par satellite de Starlink, propriété de SpaceX, la société d'Elon Musk, à la suite d'un partenariat avec T-MOBILE US , montre le site internet de l'opérateur télécoms.

* META PLATFORMS , TESLA et MICROSOFT publieront leurs résultats trimestriels respectifs après la clôture de Wall Street.

* STARBUCKS avance de 3,5% dans les transactions hors séance, la chaîne de cafés ayant annoncé une baisse moins marquée que prévu de ses ventes à périmètre comparable au premier trimestre.

* KOHL'S a annoncé mardi une réduction de près de 10% de ses effectifs, la chaîne de grands magasins cherchant à améliorer sa rentabilité.

* QORVO recule de 3,2% dans les transactions hors séance après avoir publié un chiffre d'affaires de 916,3 millions de dollars au troisième trimestre, contre 1,05 milliard de dollars au deuxième trimestre. Le chiffre d'affaires du quatrième trimestre du fabricant de puces devrait s'élever à 850 millions de dollars, avec une marge d'erreur de plus ou moins 25 millions de dollars, contre 841,2 millions de dollars prévus par LSEG.

* BEACON ROOFING SUPPLY a adopté mardi une "pilule empoisonnée" pour empêcher son rachat par l'entrepreneur milliardaire Brad Jacobs via la société QXO dans le cadre d'une offre jugée hostile de 11 milliards de dollars.

* JETBLUE AIRWAYS - Seaport Research Partners abaisse sa recommandation d'"acheter" à "neutre".

Le directeur du fonds souverain norvégien a déclaré mercredi que la forte performance des marchés boursiers mondiaux au cours des dernières années finira par prendre fin.

Le fonds norvégien a annoncé des rendements sur investissement records (link) en 2024, pour la deuxième année consécutive.

"Je tiens à rappeler que cela ne durera pas éternellement", a déclaré Nicolai Tangen, directeur général de Norges Bank Investment Management, lors d'une conférence de presse.

Les Bourses européennes évoluaient prudemment dans les premiers échanges mercredi, focalisées sur la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) et une pluie de résultats d'entreprises.

Vers 8H40 GMT, Francfort prenait 0,30%, Milan 0,17% et Londres restait à l'équilibre (+0,01%). Paris reculait de 0,38%.

"L'attention des marchés se portera aujourd'hui sur la réunion de politique monétaire de la Fed, même si celle-ci fait l'objet de peu d'attentes", ont résumé les analystes de Natixis.

L'institution monétaire américaine devrait annoncer vers 19H00 GMT le maintien de ses taux directeur à leur niveau actuel, sur fond d'économie solide aux États-Unis, d'inflation encore tenace et d'incertitudes liées à la politique du nouveau président Donald Trump.

Dans ce contexte, "ce que dira Jerome Powell", le président de la Réserve fédérale américaine, "importera davantage que ce que la Fed annoncera", a estimé Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.

Le taux d'intérêt à dix ans américain atteignait 4,52% vers 8H30 GMT, contre 4,53% la veille en clôture. Sur deux ans, il restait stable, à 4,19%. En Europe, son équivalent allemand, référence, atteignait 2,54%, contre 2,56% mardi.

Côté change, le billet vert reculait de 0,11% par rapport à la monnaie unique européenne, à 1,0425 dollars pour un euro.

Autre focus des marchés: la saison des résultats, qui bat son plein.

Les poids lourds du luxe dévissent mercredi à la Bourse de Paris, après que le géant LVMH, première capitalisation en Europe, a fait état d'un recul de son bénéfice net de 17%, à 12,55 milliards d'euros en 2024, et de son chiffre d'affaires de 2% à 84,7 milliards d'euros.

Vers 08H40 GMT, LVMH reculait de 5,45%. Kering plongeait de 6,57% et Hermès perdait 0,64%. Christian Dior SE cédait 5,42%. Le groupe de cosmétiques L'Oréal reculait de 2,04%.

Ces résultats mettent un coup d'arrêt à la vague d'optimisme suscité par les résultats meilleurs qu'attendu du britannique Burberry et du suisse Richemont, alors que le luxe fait face depuis plusieurs années à une morosité de la demande en Chine, un marché crucial.

La plupart des acteurs du secteur reculaient aussi en Europe. A Milan, Salvatore Ferragamo perdait vers 8H40 GMT 3,12% et Moncler 2,42%. A Londres, Burberry perdait 1,08% et à Francfort, Hugo Boss cédait 1,41%.

Aux Pays-Bas, le géant des équipements pour l'industrie des semi-conducteurs ASML a lui affiché mercredi un chiffre d'affaires de 28,3 milliards d'euros en 2024, plus que sa prévision de 28 milliards, et légèrement au dessus des 27,6 milliards d'euros enregistrés l'année précédente.

Une nouvelle qui a ravi les marchés: son titre bondissait de 10,61% à Amsterdam vers 8H40 GMT, entraînant avec lui son compatriote ASM (+6,72%). Ailleurs en Europe, STMicroelectronics (+2,25%) et Soitec (+6,55%) grimpaient à Paris et Infineon prenait 2,57% en Allemagne.

Aux États-Unis, la séance sera aussi chargée en résultats, avec la publication des résultats du quatrième trimestre de Meta, de Tesla et du deuxième trimestre de l'exercice décalé de Microsoft.

Les groupes "tech" américains sont attendus au tournant, après le choc provoqué en début de semaine par l'arrivée du modèle chinois d'IA DeepSeek. Ses capacités ont inquiété le secteur car elles ont été obtenues pour un faible coût, provoquant une chute des groupes américains en Bourse.

Ces valeurs ont toutefois rebondi mardi, les investisseurs tempérant quelque peu leurs craintes: Nvidia a récupéré 8,93% mardi à Wall Street, où elle avait reculé de près de 17% lundi. En Asie, où Tokyo, l'indice Nikkei a aussi repris des couleurs mercredi, finissant en hausse de 1,02%.

Les cours du pétrole hésitent, après que l'agence Bloomberg a rapporté qu'un groupe se présentant comme le "mouvement du Croissant pétrolier" a arrêté les activités de deux ports de l'Est libyen "qui traitent plus de 400.000 barils par jour".

Vers 08H30 GMT, le baril de WTI américain gagnait 0,13% à 73,87 dollars, et celui de Brent de la mer du Nord reculait de 0,02% à 77,47 dollars.

Le bitcoin perdait 0,85% à 102.854 dollars.

L'action Nvidia a augmenté en Europe mercredi, suggérant que les actions de la société au cœur du boom des marchés de l'intelligence artificielle pourraient se redresser davantage après une chute brutale cette semaine, déclenchée par la montée en puissance de l'outil d'intelligence artificielle chinois DeepSeek.

Les valeurs technologiques européennes ont également bénéficié d'une hausse, alimentée en partie par un bond de 11 % des actions d' ASML (link) après que la société cotée aux Pays-Bas, qui fabrique des outils pour la production de puces informatiques, y compris celles utilisées dans les applications d'intelligence artificielle, a fait état d'une augmentation étonnamment importante des nouvelles réservations.

Les actions de Nvidia cotées à Francfort ont augmenté de 2 %, après avoir clôturé en hausse de 8,9 % à Wall Street mardi.

L'émergence de la suite d'outils d'IA de DeepSeek en tant que concurrents potentiels, non seulement pour les opérateurs historiques tels que ChatGPT d'OpenAI, mais aussi en tant que signe d'une baisse rapide des coûts de développement, a ébranlé les actions liées à l'IA lundi, réduisant de plusieurs milliards la valeur de marché de Nvidia, ainsi que d'autres entreprises de technologie.

Les actions de Nvidia, dont les puces sont couramment utilisées dans l'IA, ont chuté de 17 % lundi, ce qui a coûté à l'entreprise près de 600 milliards de dollars de valeur marchande, soit la plus forte baisse de capitalisation boursière jamais enregistrée en une seule journée pour une entreprise.

Les contrats à terme sur le Nasdaq étaient en hausse de 0,4 % dans les échanges matinaux en Europe, ce qui suggère que l'indice pourrait prolonger sa hausse de 2 % de mardi. L'indice des valeurs technologiques européennes (.SX8P), qui a chuté de 3,5 % mardi, était en hausse de 4,5 %, se dirigeant vers son plus grand bond en un jour depuis un an.

Une grande partie de cette hausse a été alimentée par ASML, mais les actions des fabricants de puces BE Semiconductor et ASM International ont également augmenté de 6 à 7 %.

"Nvidia n'est pas un loup solitaire. En fin de compte, Nvidia porte avec elle plus de 10 000 milliards de dollars de capitalisation boursière d'entreprises affiliées, qu'il s'agisse de nucléaire, d'équipement industriel ou de fournisseurs de Nvidia. Il s'agit donc d'une galaxie, et non d'une seule entreprise", a déclaré Jacques-Aurélien Marcireau, co-responsable des actions chez Edmond de Rothschild Asset Management.

DeepSeek a lancé la semaine dernière un assistant d'IA gratuit qui a rapidement dépassé ChatGPT d'OpenAI sur l'App Store d'Apple aux États-Unis, et le coût et les performances des outils d'IA de l'entreprise ont semblé mettre fin à la croyance du secteur selon laquelle la Chine avait des années de retard sur ses rivaux américains dans la course à l'IA.

Mercredi, le calme était revenu sur les marchés, les investisseurs se concentrant sur les résultats à venir de plusieurs des sept grandes capitalisations américaines, dont Nvidia, Apple et Microsoft .

"Bien que des questions restent sans réponse, le marché estime que l'innovation que DeepSeek pourrait apporter à l'écosystème n'aura probablement pas d'impact sur le cycle d'investissement dans l'IA et pourrait même conduire à un nouveau canal de demande pour les GPU (graphics processing units)," a déclaré Chris Weston, stratège chez Pepperstone.

Par ailleurs, Microsoft et OpenAI - dirigé par Sam Altman - interrogent (link) pour savoir si les données produites par la technologie du fabricant de ChatGPT ont été utilisées de manière inappropriée par un groupe lié à DeepSeek, comme l'a rapporté Bloomberg News mardi.