Nvidia va-t-elle contribuer à faire disparaître la loi SOX ?

Wall Street est attendue en hausse à l'ouverture mercredi avant la publication dans la soirée des résultats de Nvidia et les Bourses européennes sont également dans le vert à mi-séance, portées notamment par le rebond du compartiment technologique.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,23% pour le Dow Jones , de 0,13% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,15% pour le Nasdaq .

À Paris, le CAC 40 avance de 0,09% à 7.236,26 points vers 12h05 GMT. À Francfort, le Dax prend 0,31% et à Londres, le FTSE CURRENCYCOM:UK100 grignote 0,04%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 (.FTEU3) progresse de 0,31% et l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,19%. Le Stoxx 600 prend 0,23%, en passe de mettre fin à trois sessions consécutives dans le rouge.

L'indice des nouvelles technologies sur le Stoxx 600 (.SX8P) monte mercredi de près de 1% dans le sillage de la clôture positive du Nasdaq Composite et des importants gains enregistrés par Nvidia la veille.

Le géant américain des semi-conducteurs, dont les puces sont utilisées sur les serveurs destinés à l'intelligence artificielle (IA), doit publier après la clôture de Wall Street ses résultats trimestriels.

Les perspectives du secteur technologique dépendent en grande partie de Nvidia, première capitalisation boursière mondiale. Le groupe a dépassé les attentes de Wall Street en termes de revenus au cours des huit derniers trimestres.

La Banque centrale européenne (BCE), dans son rapport de stabilité financière semestriel, a cependant mis en garde mercredi contre une "bulle" sur les valeurs liées à l'IA.

Au-delà des résultats de Nvidia, le sentiment du marché reste fragile, les investisseurs continuant à surveiller les derniers développements autour du conflit entre l'Ukraine et la Russie. L'ambassade américaine à Kyiv a fermé mercredi ses portes en prévision de possibles attaques russes.

L'indice CBOE de la volatilité aux Etats-Unis, qui a touché mardi un plus haut depuis l'élection américaine du 5 novembre, reflue à peine mercredi, de 0,67%, à 16,25 points, tandis que son équivalent européen (.V2TX) s'affiche à 18,79 points, en baisse de 2,25%, après avoir grimpé la veille de près de 10%.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Nvidia recule de 0,1% en avant-Bourse après avoir grimpé de près de 5% mardi alors que le groupe doit publier dans la soirée ses résultats trimestriels.

Target plonge de 18% en avant-Bourse après avoir annoncé anticiper des ventes à périmètre comparable et un bénéfice inférieurs aux attentes pour le trimestre comprenant les fêtes de fin d'année.

VALEURS EN EUROPE

Edenred avance de 3,63% à la faveur d'un relèvement de recommandation de Jefferies de "sous-performance" à "conserver".

La Française des Jeux (FDJ) recule de 4,32%, Crédit Agricole Assurances ayant annoncé avoir cédé des actions du groupe de jeux de hasard avec une décote de 7% par rapport au cours de clôture de mardi.

STMicroelectronics perd près de 1% après avoir repoussé mercredi de trois ans ses objectifs financiers à long terme.

Elior chute de 23,90%, le groupe anticipant un ralentissement de la croissance de son chiffre d'affaires sur 2024-2025.

Sage s'envole de près de 20%, l'éditeur britannique de logiciels ayant fait état d'une hausse de son bénéfice annuel et annoncé un plan de rachat d'actions.

TAUX

Les rendements obligataires en zone euro progressent légèrement mercredi, après la forte baisse de la veille liée à une ruée vers les actifs refuge sur fond d'aggravation des tensions entre l'Ukraine et la Russie.

Le rendement du Bund allemand à dix ans (DE10YT=RR) prend trois points de base (pb), à 2,369%, et celui à deux ans (DE2YT=RR) 1,9 pb, à 2,16%.

Aux Etats-Unis, les rendements des bons du Trésor pour ces deux échéances , (US2YT=RR) avancent respectivement de 4,5 pb, à 4,4237%, et de 2,8 pb, à 4,2996%.

CHANGES

Le dollar américain s'affermit mercredi après avoir atteint son plus bas niveau en une semaine, les cambistes étant dans l'attente de nouvelles indications sur la politique que le président élu américain Donald Trump entend mener.

L'indice dollar , qui mesure les fluctuations du billet vert par rapport à six devises de référence, prend 0,5% à 106,63 points, se remettant d'une baisse de trois jours.

L'euro recule de 0,42%, à 1,0550 dollar, alors que le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a déclaré mercredi que l'institution n'était pas "toute-puissante" face à la faible croissance de la zone euro, estimant que cette situation est due en grande partie à des problèmes structurels.

La livre sterling cède 0,21% à 1,2654 dollar après la publication d'une statistique montrant que l'inflation britannique a rebondi un peu plus que prévu en octobre, à 2,3% sur un an. Cela conforte l'hypothèse que la Banque d'Angleterre (BoE) abaissera progressivement ses taux directeurs dans les mois à venir.

Parmi les monnaies électroniques, le bitcoin , en hausse de 1,25%, s'est rapproché de son sommet historique à plus de 94.000 dollars atteint pendant la nuit, porté par les attentes d'un environnement réglementaire plus favorable aux cryptomonnaies avec la future administration de Donald Trump.

PÉTROLE

Les cours du pétrole progressent légèrement mercredi mais les investisseurs sont partagés entre les craintes d'une escalade dans le conflit russo-ukrainien et la hausse des stocks de brut américains sur la semaine au 15 novembre.

Le Brent prend de 0,20% à 73,48 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,53% à 69,76 dollars.

PLUS AUCUN INDICATEUR ÉCONOMIQUE MAJEUR À L'AGENDA DU JOUR

Semiconductor Manufacturing International Corp. (SMIC), le plus grand fabricant de puces externalisées de Chine, a connu une hausse spectaculaire de 120 % de son action cotée à Shanghai au cours des deux derniers mois.

Cette augmentation souligne l’optimisme croissant autour des efforts de la Chine pour parvenir à l’autosuffisance dans la production de semi-conducteurs, même si les risques liés à la concurrence et aux tensions géopolitiques persistent.

La performance de cette action a dépassé celle des géants mondiaux comme Nvidia Corp. et Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC).

De plus, les actions continentales de SMIC ont surperformé ses actions cotées à Hong Kong de près de 50 points de pourcentage, reflétant une forte demande des investisseurs chinois dans un contexte de poussée nationale en faveur de la localisation des puces.

La politique d’autosuffisance de la Chine stimule le SMIC

La Chine a augmenté ses investissements dans son secteur des semi-conducteurs, dans le but de réduire sa dépendance à l’égard des technologies occidentales.

Les politiques attendues du président élu Donald Trump ont encore alimenté les attentes d’un renforcement des barrières commerciales, ce qui a encouragé les investisseurs nationaux à soutenir les fabricants de puces locaux comme SMIC et Hua Hong Semiconductor.

SMIC a récemment prévu une croissance des ventes supérieure aux attentes pour ce trimestre, renforcée par des prix compétitifs qui ont attiré les concepteurs de puces locaux.

Les analystes de Bloomberg Intelligence ont noté que les fonderies de puces chinoises, qui produisent des semi-conducteurs traditionnels utilisés dans les applications industrielles et automobiles, ont rebondi plus rapidement que leurs homologues mondiales.

Hua Hong Semiconductor, un autre acteur majeur, a vu son action onshore augmenter de 78 % par rapport à ses plus bas de septembre, bénéficiant de tendances de localisation similaires.

Problèmes de valorisation et risques concurrentiels

Malgré cet optimisme, les analystes préviennent que l’action SMIC, en pleine croissance, pourrait être surévaluée. Le ratio cours/valeur comptable prévisionnel de la société, de 1,2, est bien supérieur à sa moyenne sur trois ans de 0,9, ce qui indique des valorisations tendues.

« Nous pensons que la concurrence des fonderies mondiales comme TSMC pourrait s’intensifier d’ici 2025 », ont écrit les analystes de Morgan Stanley, qui ont également souligné que la valorisation de SMIC semble peu attrayante dans le contexte des pressions potentielles sur les prix.

En outre, les restrictions imposées par les États-Unis sur les technologies avancées de fabrication de puces restent un défi important pour SMIC.

Ces sanctions limitent la capacité de l’entreprise à être compétitive sur les marchés des semi-conducteurs haut de gamme, notamment l’intelligence artificielle (IA) et les processeurs avancés.

Les défis du marché des puces avancées

Bien que SMIC ait conquis des parts de marché dans les puces héritées, ses progrès dans les domaines plus avancés ont été limités.

L’analyste de Morningstar, Phelix Lee, a noté que SMIC et Hua Hong pourraient avoir du mal à répondre à la demande de puces hautes performances utilisées dans les centres de données, en particulier si les startups chinoises d’IA perdent l’accès aux processeurs de pointe.

« L’intelligence artificielle est une petite bénédiction pour SMIC et Hua Hong », a écrit Lee, ajoutant que l’impact plus large de la relance budgétaire de Pékin pourrait également être surestimé.

Les mesures de relance apportent un soutien

Face à ces défis, les mesures de relance budgétaire continues et les politiques monétaires accommodantes de Pékin ont apporté un certain soulagement au secteur chinois des semi-conducteurs.

Le gouvernement s’est engagé à redoubler d’efforts en matière d’ajustements contracycliques pour soutenir la croissance économique, offrant ainsi un catalyseur supplémentaire aux fabricants de puces électroniques nationaux.

Toutefois, les tensions géopolitiques et les éventuelles mesures de rétorsion des pays occidentaux pourraient créer de nouvelles incertitudes.

Perspectives pour le SMIC et l’industrie chinoise des puces électroniques

La route qui attend SMIC et ses pairs est semée d’opportunités mais aussi de risques.

Bien que la récente hausse des actions de la société souligne la confiance des investisseurs dans l’effort de localisation de la Chine, les analystes mettent en garde contre le fait de négliger les défis structurels, notamment la concurrence et les contraintes technologiques.

Pour l’instant, le SMIC reste un point central de la stratégie plus large de la Chine pour parvenir à l’autosuffisance en matière de semi-conducteurs.

À mesure que la guerre des puces évolue, ses performances resteront probablement un indicateur des ambitions technologiques du pays.

Il existe une "bulle" sur les valeurs liées à l'intelligence artificielle (IA), qui pourrait éclater si les attentes très élevées des opérateurs sont déçues, déclare mercredi la Banque centrale européenne (BCE) dans son rapport de stabilité financière semestriel.

Selon la banque centrale, les marchés actions, en particulier aux États-Unis, dépendent de plus en plus de quelques entreprises que les investisseurs jugent bien positionnées pour profiter du développement de l'IA, tel le géant des puces Nvidia qui publiera ses résultats trimestriels dans la soirée.

"La concentration autour de quelques grandes entreprises fait craindre qu'il n'existe une bulle autour des valeurs liées à l'IA. Dans un contexte de profonde intégration des marchés actions mondiaux, cela fait peser le risque d'impacts négatifs globaux, si les attentes de chiffre d'affaires pour ces entreprises sont déçues", détaille la BCE.

La BCE constate que la prime de risque sur les actions et le crédit est faible, tandis que les fonds d'investissement ont diminué leurs poches de liquidités.

"La détention relativement faible d'actifs liquides et d'importants écarts de liquidités constatés dans certains fonds ouverts, auxquels s'ajoutent les faibles poches de liquidités, pourraient mener à des ventes forcées qui amplifieraient les mouvements de marché à la baisse", s'inquiète la BCE.

Parmi les autres risques financiers, la BCE juge la zone euro vulnérable à la fragmentation du commerce mondial.

La réélection à la présidence des Etats-Unis de Donald Trump, dont le programme inclut une forte hausse des tarifs douaniers, préoccupe responsables politiques et banquiers centraux européens, plusieurs membres du Conseil des gouverneurs de la BCE estimant que de telles mesures pèseraient sur la croissance européenne.

La BCE ajoute que les pays membres de l'euro, et la France et l'Italie en particulier, emprunteront à des taux plus élevés sur les 10 prochaines années, ce qui plaide pour des politiques budgétaires plus prudentes.

Les Bourses asiatiques se montrent prudentes mercredi face aux risques d'escalade militaire en Ukraine, attendant aussi les résultats du géant américain des semi-conducteurs Nvidia plus tard dans la journée.

Dans la capitale nippone, l'indice vedette Nikkei a clôturé en baisse de 0,16% à 38.352,34 points, l'indice élargi Topix lâchant lui 0,43% à 2.698,29 points.

Les marchés japonais restent sur leurs gardes, ayant "à l'esprit les risques géopolitiques malgré la tendance haussière des actions liées aux hautes technologies" la veille à New York, ont commenté des analystes de Monex Securities dans une note.

La Russie a promis mardi une réponse "appropriée" à l'attaque sur son territoire menée par l'Ukraine avec des missiles américains ATACMS, estimant que le conflit basculait dans "une nouvelle phase" et annonçant que les possibilités de recours à l'arme nucléaire étaient ainsi élargies.

Ces inquiétudes ont pesé sur les marchés européens mardi, mais aux Etats-Unis, "comme c'est souvent le cas, l'escalade du conflit entre l'Ukraine et la Russie n'a pas eu beaucoup d'effet sur les marchés financiers", a estimé Stephen Innes de SPI Asset Management.

Les investisseurs attendent par ailleurs plus tard mercredi les résultats du champion américain des semi-conducteurs Nvidia, première capitalisation mondiale.

Selon ce qu'il annoncera, "Nvidia a l'occasion de consolider sa position dominante ou de déclencher une réévaluation du marché qui pourrait se répercuter sur le secteur technologique et au-delà", a souligné M. Innes.

Vers 06H30 GMT, le billet vert montait à 155,28 yens pour un dollar.

Les échanges étaient peu fournis à Hong Kong, après que Pékin a laissé inchangés les taux de prêt de référence mercredi matin, comme s'y attendaient les marchés, tandis que les perspectives de croissance de la deuxième économie mondiale continuaient d'inquiéter.

Vers 06H30 GMT, l'indice Hang Seng de l'ancien territoire britannique était stable (-0,01%) à 19.662,19 points. L'indice composite de Shanghai prenait 0,51% et celui de Shenzhen gagnait 1,14%.

L'action du mastodonte japonais des supérettes Seven & i a grimpé de 6,52% après que la chaîne de télévision publique NHK a rapporté que la famille Ito, fondatrice de l'entreprise, tenterait de lever 49 milliards d'euros pour lancer une offre publique d'achat et retirer de la cote avant fin mars prochain le groupe, visé par une tentative de prise de contrôle de son rival canadien Couche-Tard.

Des médias avaient rapporté la semaine dernière que Seven & i envisageait de racheter ses propres actions avec l'aide de la famille Ito, de la société d'investissement Itochu et de banques nippones.

Le japonais Kadokawa a bondi de 16,04%, après s'être déjà envolé de près de 23% la veille dans la foulée d'informations de presse sur une possible offre de rachat du groupe par le géant Sony (+2,79%), qui convoiterait des licences juteuses dans le jeu vidéo comme celle du jeu de rôle et d'action à succès "Elden Ring".

L'éditeur nippon Bandai Namco, qui distribue actuellement le jeu en question, continuait à souffrir (-1,13% après -3,8% la veille) de craintes que ses services ne soient plus nécessaires pour Elden Ring en cas de concrétisation des rumeurs de rachat.

Contacté par l'AFP, Sony n'a pas souhaité faire de commentaires, tandis que Kadokawa n'était pas immédiatement disponible.

Le bitcoin restait à des niveaux élevés après son ascension des dernières semaines dans le sillage de l'élection à la présidence des Etats-Unis de Donald Trump.

La star des cryptomonnaies a dépassé pour la première fois le palier des 94.000 dollars dans la nuit de mardi à mercredi, et reprenait son souffle autour de 92.600 dollars vers 06H30 GMT.

Les cours du pétrole oscillaient autour de l'équilibre comme la veille, pris dans des vents géopolitiques contraires, entre l'aggravation des tensions entre l'Ukraine et la Russie d'un côté, et l'engagement de l'Iran d'arrêter l'expansion de son stock d'uranium hautement enrichi de l'autre.

Vers 06H25 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord lâchait 0,04% à 73,28 dollars, et celui de West Texas Intermediate (WTI) américain était stable à 69,39 dollars.

Le Japon veut investir 61 milliards d'euros de fonds publics dans l'intelligence artificielle (IA) et les semi-conducteurs d'ici 2030 pour récupérer son statut de puissance technologique, un moyen aussi d'accompagner son vieillissement démographique et de se préparer à une éventuelle crise taïwanaise, selon les experts.

A la suite d'annonces du Premier ministre Shigeru Ishiba, le gouvernement doit approuver cette semaine un plan de 10.000 milliards de yens d'aides publiques aux technologies de pointe d'ici la fin de la décennie, pour appuyer le projet Rapidus de production de semi-conducteurs de la prochaine génération.

D'ores et déjà, les projets se multiplient.

Le conglomérat nippon SoftBank a annoncé la semaine dernière vouloir développer un superordinateur utilisant des puces de pointe de l'américain Nvidia, et transformer ses infrastructures télécoms en "réseau IA" de mini-centres de données à travers le Japon, par exemple pour rendre les usines plus efficaces ou guider les voitures autonomes.

L'américain Microsoft, partenaire d'OpenAI (créateur de ChatGPT), et ses compatriotes Amazon et Google ont tous annoncé courant 2024 des investissements dans l'IA au Japon.

Ce regain d'appétit pour le Japon intervient à l'heure où le pays, qui avait dominé la scène technologique dans les années 1980, s'efforce désormais de rattraper son retard, selon Kelly Forbes, président de l'AI Asia Pacific Institute.

"Pendant une période assez longue, le Japon a vu passer en observateur une grande partie de l'innovation, en particulier l'intelligence artificielle. Mais ces deux ou trois dernières années, le Japon a pris conscience du potentiel" de ces technologies, explique-t-elle à l'AFP.

Mais, avertit-elle, si ses voisins d'Asie du Sud-est investissent eux-aussi dans l'IA, l'archipel nippon a "davantage de problèmes urgents" à résoudre, entre croissance atone, déclin démographiques et vives tensions géopolitiques régionales.

Or, l'automatisation par l'IA peut aider le Japon vieillissant, observe Seth Hays, auteur de la publication spécialisée Asia AI Policy Monitor. "Le pays doit utiliser l'IA pour obtenir les gains de productivité qui lui permettront de continuer à vivre".

De même, Tokyo anticipe le scénario-catastrophe d'une invasion ou d'un blocus, par la Chine populaire, de l'île de Taïwan où sont produites l'essentiel des semi-conducteurs les plus sophistiqués.

L'incontournable mastodonte taïwanais sur ce créneau, TSMC, a ouvert en février une nouvelle usine à 8,6 milliards de dollars dans le sud du Japon, et prévoit la construction d'un deuxième site, un investissement évalué cette fois à 20 milliards de dollars, pour la fabrication des puces les plus avancées.

Entre-temps, le Japon a déjà dépensé 3.900 milliards de yens (24 milliards d'euros) en subventions publiques dans le secteur des semi-conducteurs ces trois dernières années, soit une part plus importante de son PIB que les aides équivalentes aux Etats-Unis et en Allemagne.

L'investissement japonais dans les semi-conducteurs, composants "au coeur de l'innovation en matière d'IA", vise à "rester compétitif" mais aussi à "se préparer à cette tension géopolitique croissante", résume Mme Forbes.

Autre défi, l'archipel, très dépendant de ses importations d'hydrocarbures pour alimenter ses centrales électriques, pourrait avoir du mal à trouver les énormes volumes d'énergie nécessaires pour ses ambitieux projets liés à l'IA, alors même qu'il commence tout juste à relancer le nucléaire, avertit Seth Hays.

"La fabrication de puces peut être très énergivore, tout comme les centres de données", souligne-t-il, notant qu'à Taïwan, TSMC utilise 8% des ressources en électricité dans l'île.

La route s'annonce longue: dans le classement mondial de la compétitivité numérique établi par l'école de gestion suisse IMD, le Japon n'occupe que le 31e rang cette année (contre le 32e en 2023).

Pour autant, l'archipel pourrait indirectement bénéficier des importants assouplissements réglementaires attendus dans le secteur avec le retour à la Maison blanche de Donald Trump.

Et même s'il s'efforce de promouvoir à l'international une intelligence artificielle sûre et sécurisée dans le monde entier, Tokyo se montre plutôt accommodant en matière de réglementation de l'IA sur son sol.

"Aucun système d'IA ne sera bâti sans que les données franchissent les frontières, et le Japon a vraiment pris les devants en s'assurant que cela puisse être le cas avec des partenaires de confiance", indiqué M. Hays.

De plus, ajoute-t-il, "la loi japonaise sur les droits d'auteur est l'une des plus favorables à l'IA dans le monde: elle permet aux entreprises de s'entraîner sur des données protégées par le droit d'auteur, même à des fins lucratives".

L'objectif pour les Japonais est d'attirer des entreprises et de s'imposer comme une nation favorable à l'IA. Mais, avertit M. Hays, "ils veulent aussi en tirer un retour sur investissement".

Les Bourses asiatiques se montrent prudentes mercredi face aux risques d'escalade militaire en Ukraine, attendant aussi les résultats du géant américain des semi-conducteurs Nvidia plus tard dans la journée.

Sur la place nippone, l'indice vedette Nikkei a terminé les échanges matinaux en baisse de 0,45% à 38.242,35 points, l'indice élargi Topix lâchant lui 0,46% à 2.697,67 points.

Les marchés japonais restent prudents, "gardant à l'esprit les risques géopolitiques malgré la tendance haussière des actions liées aux hautes technologies", ont commenté des analystes de Monex Securities dans une note.

La Russie a promis mardi une réponse "appropriée" à l'attaque sur son territoire menée par l'Ukraine avec des missiles américains ATACMS, estimant que le conflit basculait dans "une nouvelle phase" et annonçant que les possibilités de recours à l'arme nucléaire étaient ainsi élargies.

Ces inquiétudes ont pesé sur les marchés européens mardi, mais aux Etats-Unis, "comme c'est souvent le cas, l'escalade du conflit entre l'Ukraine et la Russie n'a pas eu beaucoup d'effet sur les marchés financiers", a estimé Stephen Innes de SPI Asset Management.

Les investisseurs attendent par ailleurs plus tard mercredi les résultats du champion américain des semi-conducteurs Nvidia, première capitalisation mondiale.

Vers 06H30 GMT, le billet vert progressait à 154,87 yens pour un dollar.

Les places chinoises évoluaient peu dans les premiers échanges, après que Pékin a laissé inchangés les taux de prêt de référence mercredi matin, comme s'y attendaient les marchés.

Vers 02H45 GMT à Hong Kong, l'indice Hang Seng s'appréciait de 0,22% à 19.621,03 points. L'indice composite de Shanghai était parfaitement stable et celui de Shanghai gagnait 0,36%.

L'action du mastodonte japonais des supérettes Seven & i grimpait de 8,38% après que la chaîne de télévision publique NHK a rapporté que la famille Ito, fondatrice de l'entreprise, tenterait de lever 49 milliards d'euros pour lancer une offre publique d'achat et retirer de la cote avant fin mars prochain le groupe, visé par une tentative de prise de contrôle de son rival canadien Couche-Tard.

Le propriétaire des supérettes 7-Eleven avait rejeté début septembre une première proposition de rachat par Alimentation Couche-Tard (ACT), qu'il jugeait sous-évaluée. Mais le poids lourd canadien de la distribution a ensuite présenté une offre améliorée qui valorise le groupe nippon à 47 milliards de dollars, de quoi séduire certains actionnaires.

Des médias avaient rapporté la semaine dernière que Seven & i envisageait de racheter ses propres actions avec l'aide de la famille Ito, de la société d'investissement Itochu et de banques nippones.

Le japonais Kadokawa bondissait 18,69%, après s'être déjà envolée de près de 23% la veille dans la foulée d'informations de presse sur une possible offre de rachat du groupe par le géant Sony (+2,92%), qui convoiterait des licences juteuses dans le jeu vidéo comme celle du jeu de rôle et d'action à succès "Elden Ring".

L'éditeur nippon Bandai Namco, qui distribue actuellement le jeu en question, continuait à souffrir (-2,11% après -3,8% la veille) de craintes que ses services ne soient plus nécessaires pour Elden Ring en cas de concrétisation des rumeurs de rachat.

Contacté mardi par l'AFP, Sony n'a pas souhaité faire de commentaires.

Le bitcoin restait à des niveaux élevés après son ascension des dernières semaines dans le sillage de l'élection à la présidence des Etats-Unis de Donald Trump.

La star des cryptomonnaies a dépassé pour la première fois le palier des 94.000 dollars dans la nuit de mardi à mercredi, et reprenait son souffle autour de 92.000 dollars vers 02H50 GMT.

Les cours du pétrole oscillaient autour de l'équilibre comme la veille, pris dans des vents géopolitiques contraires, entre l'aggravation des tensions entre l'Ukraine et la Russie d'un côté, et l'engagement de l'Iran d'arrêter l'expansion de son stock d'uranium hautement enrichi de l'autre.

Vers 02H40 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord lâchait 0,05% à 73,27 dollars, et celui de West Texas Intermediate (WTI) américain abandonnait 0,01% à 69,38 dollars.