USA-Le débat présidentiel laisse Wall Street sur sa faim

Le débat entre la vice-présidente démocrate Kamala Harris et l'ancien président républicain Donald Trump en amont de l'élection présidentielle américaine de novembre, pourtant consacré à l'économie, n'a pas suffit à lever les incertitudes autour de certains points clés pour les investisseurs.

Les échanges ont été vifs mardi, les deux candidats s'affrontant sur des thèmes allant de l'immigration à l'économie, en passant par les problèmes légaux de Donald Trump. Pour autant, plusieurs thèmes essentiels pour les marchés, comme les droits de douanes, les régulations ou les impôts, n'ont pas été abordés en profondeur.

"Aucun des deux candidats n'a beaucoup insisté sur l'économie, mais dans l'ensemble Kamala Harris semble s'en être mieux tirée que Donald Trump. Les marchés ne veulent pas d'annonces stridentes, mais des certitudes", explique Eric Beyrich, gérant chez Sound Income Strategies.

Selon le marché de prédictions en ligne PredictIt, la probabilité d'une victoire de Kamala Harris est désormais de 56%, contre 53% avant le débat. Celle d'une victoire de Donald Trump a reculé à 48%, contre 52% avant le débat.

"Je crois que le débat ne décidera pas beaucoup d'électeurs, qui demeurent polarisés. Certes, les chances de (Kamala) Harris se sont améliorées d'après les marchés de prédiction en ligne, mais la course reste très serrée", estime Sonu Varghese, stratégiste au Carson Group.

Pour autant, certains investisseurs estiment qu'un quelconque impact du débat dans l'opinion publique pourrait s'avérer décisif pour le scrutin, alors que seulement des dizaines de milliers de suffrages pourraient séparer les deux candidats dans une poignée d'Etats dits "bascule".

Les actifs ont faiblement réagi au débat, le dollar s'effritant de 0,3% face à un panier de devises.

Le débat "ne semble pas avoir eu d'impact majeur sur les marchés pour l'instant, qui n'anticipaient de toutes façons pas une forte volatilité avant l'évènement", relève Shier Lee Lim, stratégiste chez Convera.

"Kamala Harris a réussi à faire ployer les marchés de prédiction en sa faveur, ce qui a déclenché un faible rebond de l'appétit pour le risque sur les marchés de devise", nuance Karl Schamotta, stratégiste chez Corpay.

Si l'élection du 5 novembre sera essentielle pour les investisseurs, ceux-ci se focalisent pour le moment sur d'autres problématiques plus immédiates, comme le ralentissement de l'économie américaine ou l'ampleur de la première baisse des taux de la Réserve fédérale.

"Il n'y a pas eu d'échanges importants sur les politiques" économiques, constate par ailleurs Sonu Varghese. "Aucun des deux candidats n'a défendu de politique économique très différente de celle déjà en place. En réalité, la plupart des politiques économiques dépendront de la composition du Sénat et de la Chambre des représentants".

IMPÔTS ET TARIFS DOUANIERS

Kamala Harris s'en est pris à Donald Trump pour sa volonté d'imposer des droits de douane élevés sur les importations étrangères, estimant que ce projet entraînerait une hausse des taxes de vente que paieront les classes moyennes. Elle a défendu en parallèle les baisses d'impôts qu'elle promet de mettre en œuvre pour les familles américaines.

Donald Trump a défendu sa proposition et affirmé que cela n'entraînerait pas de prix plus élevés pour les Américains.

Le candidat républicain a par ailleurs critiqué Kamala Harris pour la persistance de l'inflation sous l'administration du président démocrate Joe Biden, un "désastre" pour la population, a-t-il dit.

Donald Trump plaide pour une baisse des impôts sur les entreprises et une hausse des tarifs douaniers. L'ancien président estime par ailleurs que le dollar fort nuit aux États-Unis, bien que son programme pourrait soutenir l'inflation et donc la devise, à terme, selon des analystes.

Kamala Harris a proposé le mois dernier de relever de 21% à 28% le taux d'imposition des sociétés si elle était élue lors du scrutin du 5 novembre, assurant vouloir que "les grandes entreprises paient leur juste part".